Rappel et enjeux de la kinésithérapie respiratoire pour le kinésithérapeute et pour le patient
Deux pathologies importantes en kinésithérapie respiratoire : la bronchiolite et la Broncho Pneumopathie Chronique Obstructive (BPCO):
La bronchiolite est une infection respiratoire virale fréquente chez le nourrisson jusqu’à l’âge de 2 ans. Cette pathologie saisonnière occasionne de grands pics d’activité entre novembre et avril pour les masseurs-kinésithérapeutes. La kinésithérapie respiratoire ne peut être débutée qu’après un diagnostic et une prescription par un médecin.
La BPCO touche environ 1 français sur 10, sera la 3e cause de mortalité au monde en 2030 selon l’OMS. Bien plus que les lésions pulmonaires, cette pathologie donne lieu a une réelle myopathie : perte de la force et de l’endurance musculaire, limitation fonctionnelle, diminution de la qualité de vie, etc.
Quelle est la place du bilan en kinésithérapie respiratoire ?
Comme pour chaque prise en charge, le bilan est indispensable pour évaluer l’état initial, fixer des objectifs et élaborer une stratégie thérapeutique.
Dans les affections respiratoires aiguës, un bilan rapide réalisé à chaque séance permet de suivre l’évolution de la maladie, de contrôler la situation, d’intervenir de manière raisonnée, et de pouvoir éventuellement ré-adresser rapidement le patient pour un avis médical en cas d’aggravation ou situation suspecte.
Dans le cadre des pathologies respiratoires chroniques, il s’agit souvent d’évaluer le patient dans sa globalité, c’est-à-dire bien au delà du système respiratoire : un bilan musculaire et fonctionnel est incontournable, ainsi que l’évaluation de l’impact de la maladie sur la qualité de vie, sans oublier l’aspect éducatif.
La pratique en cabinet libéral : comment prendre en charge un patient dans son cabinet ?
En libéral, la grande majorité des prescriptions médicales pour de la kinésithérapie respiratoire est en relation avec une situation aiguë par exemple 10 séances de désencombrement bronchique. Sans être sensibilisé aux particularités des pathologies chroniques (comme la BPCO) on peut facilement tomber dans le piège : ces épisodes aigus sont très souvent la partie émergée de l’iceberg, l’exacerbation donnant lieu à un déballage d’arsenal thérapeutique pas toujours adapté (antibiothérapie, corticothérapie, etc.), mais dans tous les cas insuffisant : c’est le suivi au long cours qui doit être mis en avant, avec le recrutement des compétences de plusieurs professionnels de santé autour du patient : médecin, infirmier, masseur-kinésithérapeute, etc.
Pour le masseur-kinésithérapeute, il est donc essentiel de gérer « l’urgence », c’est-à-dire l’exacerbation, mais il faut tout de suite penser à la suite de la prise en charge : un bilan musculaire s’impose (dynamométrie du quadriceps principalement), ainsi qu’un bilan fonctionnel. Ces critères d’évaluation permettront un suivi précis de l’évolution de la « performance » à l’effort d’un patient, et donc des bénéfices d’une rééducation adaptée.
Le test de marche de 6 minutes (TDM6) reste la référence internationale, mais il ne peut pas toujours être réalisé, souvent par manque de place. D’autres tests de terrain ont vu le jour, comme le test de lever de chaise de 3’ (TLC3) et le stepper test de 6 minutes (6MST) tous deux développés par des équipes françaises (cocorico!).
Leurs avantages : il existe une bonne corrélation avec le TDM6, on peut les réaliser quasiment sans aucun matériel spécifique, et ce sont des tests où le patient reste sur place donc pas besoin d’avoir un gymnase!
Bien entendu, il s’agit de prendre des précautions, et de toujours agir de manière raisonnée, même pour ces tests de terrains qu’on qualifie de « sous-maximaux » : de préférence, il est recommandé d’avoir l’avis d’un cardiologue (absence de contre-indication à l’effort) ; à défaut, d’utiliser un score de stratification du risque cardio-vasculaire.
Tests à retrouver dans Medicapp Bilans.
Quels avantages voyez-vous dans l’utilisation d’un oxymètre connecté ?
Habituellement, quand le patient réalise ce genre de test, il faut avoir en main son chronomètre, un bloc-notes, un stylo, le saturomètre, la feuille avec l’échelle de Borg, etc. : cela demande de l’entrainement !
L’avantage principal d’un oxymètre connecté, c’est qu’ il n’y a rien d’autre à tenir que la tablette : tout est enregistré en direct ! Et, au-delà du compte-rendu du test qui est extrêmement clair aussi bien pour le Masseur-kinésithérapeute que le patient et le prescripteur, cette technologie permet de monitorer l’évolution de la saturation et de la Fc en continu tout au long du test (à la main, on note dans le meilleur des cas toutes les 30 secondes). Quand on sait que l’installation et la prise en charge de l’oxygénothérapie, suite à une prescription du pneumologue, dépend entre autres d’un TDM6 réalisé avec cette précision technique, il y a fort à parier que cela pourra nous ouvrir des portes!
Anthony Bender
Masseur-kinésithérapeute spécialisé en kinésithérapie cardio-respiratoire. Diplômé en 2008 à Dijon, Anthony Bender s’est ensuite spécialisé dansla prise en charge des pathologies cardio-respiratoires en obtenant le diplôme universitaire de réadaptation cardio-vasculaire (Dijon) et le master Ingénierie de la Rééducation, du Handicap et de la Performance Motrice (Amiens). Il exerce aujourd’hui dans un cabinet libéral spécialisé avec un pneumologue et une cardiologue à Longwy (54), et intervient également dans le service de réadaptation cardio-vasculaire de l’hôpital local.
Informations et inscription sur http://interphysio.fr/
Sources
Société de Pneumologie de Langue Française (SPLF) http://splf.fr/
L’Association BPCO http://www.bpco-asso.com/