Notre profession est en pleine mutation. Elle fait l’objet de nombreuses tractations pour reformuler les contours d’une activité qui doit se réformer afin de réaffirmer son identité au sein d’un système de santé qui cherche son équilibre. La période contemporaine et ses enjeux doivent pousser le kinésithérapeute à mener une réflexion majeure pour l’avenir de la profession. Nos compétences sont nombreuses, transversales mais mal définies.
Combien de fois nous pose t’on la question de la différence entre kinésithérapie et ostéopathie ? Quel sera le positionnement du kiné dans le nouveau dispositif de prescription d’exercices physiques offert aux médecins ?
Le rôle du masseur-kinésithérapeute
A la croisée de nombreuses professions gravitant autour du «sport santé», le kinésithérapeute fait figure de référent. Sa proximité avec les patients lui permet de développer des compétences de conseil et d’éducation thérapeutique précieuses pour affirmer son implantation primordiale dans le système de santé publique.
L’autonomisation du patient prend une place de plus en plus importante dans notre activité de cabinet, toute action «passive» pour le patient le rendant dépendant de l’action du thérapeute, nous développons des outils d’auto-traitement qui permettent de limiter la récurrence des consultations des patients pour une même pathologie.
La kinésithérapie préventive
Une des voies possibles que peut emprunter le kinésithérapeute en rapport avec ses nouvelles compétences est la prévention. Qu’elle s’effectue au cabinet, en entreprise, en congrès ou en séminaire, le kinésithérapeute est un professionnel de santé qui a une vision globale de l’individu, de la temporalité et de l’évolution de symptômes en lien avec la santé au travail. TMS (Troubles Musculo-Squelettiques), RPS (Risques Psycho-sociaux), hygiène de vie, alimentation… tous ces domaines peuvent être abordés par un kinésithérapeute et sa parole est en général attentivement prise en compte. En effet, intervenir en entreprise permet de constater toute la confiance que peut porter la population à notre profession. Notre décret de compétence valide notre qualité d’ergonome même si notre formation initiale dans ce domaine reste insuffisante.
Par ailleurs, le décret 2004-502 du 29 juillet 2004 dont les termes sont :
« …prévenir l’altération des capacités fonctionnelles, concourir à leur maintien et, lorsqu’elles sont altérées, de les rétablir ou d’y suppléer… » confirme le fait que le Masseur-Kinésithérapeute peut faire de la prévention sans prescription médicale et a fortiori en entreprise.
La kinésithérapie en entreprise
Le monde de l’entreprise est bien souvent opaque pour nous, professionnels libéraux. Il nécessite d’acquérir des capacités différentes de celles développées au sein d’un cabinet. Le souci de rentabilité de l’entreprise doit nous pousser à développer des outils objectifs, quantitatifs, pragmatiques et validés qui doivent coller aux objectifs de la société. Questionnaires, entretiens, bilans, outils de mesures objectifs, éducation thérapeutique… constituent des outils que le kinésithérapeute sait utiliser au quotidien et qui doivent lui permettre de formuler des pronostics et d’en évaluer l’atteinte.
Investir l’entreprise est un formidable vecteur de développement pour notre profession, elle permet au kinésithérapeute de sortir de l’activité routinière que constitue le soin en cabinet, elle lui offre de formidables opportunités de remise en question et d’expression de ses compétences, elle lui permet de réaffirmer son importance majeure de référent en terme de santé durable.
Auteur
Lionel Angibaud, masseur-kinésithérapeute
Après avoir développé mes compétences dans le domaine de l’ergonomie, je propose des analyses ergonomiques aboutissant à la production de recueils de recommandations, je suis ensuite à même de proposer des sessions de formation autour de problématiques variées concernant la prévention.
Afin d’exploiter au maximum mes compétences de kinésithérapeute, je propose également de réaliser des bilans de prévention qui aboutissent à la prescription d’exercices à réaliser quotidiennement en rapport avec les déficits relevés . Ce bilan est réévalué à intervalles réguliers et une synthèse de progression est fournie au salarié en fin de processus. Cette démarche permet un suivi au long terme, rarement possible en cabinet, et de toucher des salariés en situation de prévention primaire, tertiaire et secondaire, dans tous les secteurs d’activité.
Je constitue actuellement un réseau de thérapeutes à même de réaliser ces bilans. En effet, nos patients ne manquent pas de nous solliciter pour ce type de prestations mais de nombreux freins s’opposent à la concrétisation de ces éventuels projets, les thérapeutes en faisant la demande peuvent bénéficier de contenus de formation, de conseils et d’accompagnement tout en gardant une liberté totale quant à leurs convictions intimes de professionnelles de santé.
Plus d’infos sur www.tmskinergo.com